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Pornographie et féminisme

Dernière mise à jour : 3 janv. 2023



Selon Le Robert, le féminisme est une doctrine qui préconise l’égalité entre l’homme et la femme, et l’extension du rôle de la femme dans la société. 1 Dans la pornographie mainstream on retrouve beaucoup de reproductions de stéréotypes par rapport à l’homme et la femme, ces clichés entretiennent un cercle vicieux qui empêche la reconstruction de ceux-ci. La femme est pour la plupart du temps représentée comme un objet sexuel uniquement présent pour assouvir le désir de l’homme (la plupart des pornos mainstream sont hétéronormés.), elle n’a pas l’air d’avoir de désir propre. Pour les hommes on les représente souvent grands et forts, ils sont là pour posséder la femme qui leur est soumise.

Nous sommes dans une société luttant pour l’égalité homme-femme et voulant supprimer les étiquettes de genre, malheureusement la pornographie ne fait que renforcer ces étiquettes et stéréotypes. De plus, lorsque dans la réalité de plus en plus de personnes se libèrent par rapport à leur sexualité et à leur genre, la pornographie reste très hétéronormée et ne permet pas de découvrir des identités sexuelles différentes.

La pornographie garde toujours cette image de sale et honteuse, suite au puritanisme connu à l’arrivée du christianisme. Comme nous l’avons vu plus haut, cette image peut être problématique, la plupart des gens ont du mal à distinguer la pornographie de la réalité. C’est pourquoi certaines personnes peuvent avoir cette vision sale et honteuse de la sexualité dans la réalité.

De plus, l’image dont on a de la sexualité est très différente si on est du sexe féminin ou masculin, on aura tendance à juger une femme qui a une vie sexuelle active et libérée alors que du côté des hommes ça aura plus tendance à être glorifié et validé. Les femmes dans ces cas vivent du slut-shaving, qu’on peut traduire comme : « Blâmer la salope » il s’agit ici de blâmer la femme pour sa sexualité alors qu’un homme ayant la même sexualité serait valorisé. La pornographie n’aide donc pas à déconstruire cette idée que la femme n’a pas le droit d’être sexuellement libérée et de vivre ses désirs sexuels sans passer pour une putain. Nous avons vu plus haut l’influence de la sortie du magazine dans l’histoire de la pornographie. Le magazine a également contribué à la construction des injonctions sexuelles machistes.

La sortie de plusieurs magazines dans le style de Playboy ne fera que banaliser et normaliser le contenu misogyne qu’on peut retrouver dans ces revues. Ces magazines ont énormément influencé la pornographie que nous avons aujourd’hui. À l’arrivée d’Internet, la pornographie était déjà devenue acceptable, il n’était plus question de remettre en cause les codes machistes déjà si bien installés. C’est pour toutes ces raisons que les féministes ont décidé d’investir le monde de la production pornographique.

« Les femmes sont bien plus compréhensives et conscientes qu’avant du vrai objectif de leur vie. Cet objectif bien sûr est d’être des réceptacles d’amour ; en d’autres termes, des poupées baisables. » Max Hardcore, pornographe


C’est dans les années 80 aux Etats- Unis, qu’une branche du féminisme apparaît : le féminisme pro-sexe, le but de ces militantes est d’investir en tant que femmes et minorités sexuelles, la sexualité en utilisant le corps et le plaisir comme outil politique. Dans cette branche du féminisme, on peut retrouver le mouvement Slutwalk, marche des salopes, dont le discours est : « Ne nous dites pas comment nous comporter, dites-leur de ne pas nous violer ». Dans ce courant du féminisme, on retrouve quelques personnalités comme : Virginie Despentes avec ses ouvrages King Kong Theory et Baise-moi qui aborde féminisme et sexualité ; Ovidie, ancienne actrice pornographique désormais réalisatrice de films porno féministe et Erika Lust considérée comme une des pionnières du porno féministe. À ce moment dans les années 80, les femmes affirment leurs envies d’être visuellement excitées, les féministes pro-sexe commencent donc à produire du contenu pornographique féministe. Cette pornographie alternative veut « remettre en question les rapports de genre et les rapports de pouvoir présents dans les représentations sexuelles » tout en offrant à la femme un contenu excitant à regarder sans créer d’injonction de désir par rapport au genre. Pour ce faire, ces femmes doivent remettre en question tous les codes existant sur la pornographie et la sexualité, elles veulent élargir les esprits, pour elle, « Remettre en question les rôles de genre, c’est exprimer et laisser s’exprimer, chez les femmes, une capacité à la violence, à la domination, et pas uniquement de montrer les femmes qui prennent du plaisir sous toutes les coutures ».

« La domination masculine est au cœur de la pornographie, exacerbée par la quête insatiable de profit du capitalisme » Robert Jensen Un autre problème de l’industrie pornographique par rapport au féminisme est que les producteurs pornos se rendent bien compte de l’image grossière et sale qu’a la pornographie. Ils vont donc se battre pour essayer de déconstruire cette idée et de rendre le porno plus fun, sexy, ludique. Les techniques marketing que mettront en place ces géants de l’industrie permettront au porno de s’immiscer dans la culture populaire et donc continuent de véhiculer des idées sexistes de manière à toucher un public plus large.

Un bon exemple de pornographie infiltrant la pop culture est l’émission Girls Gone Wild qui est une émission suivant des étudiantes sur les campus universitaires. Le créateur de l’émission, Joe Francis, a tout fait pour que son programme ne soit pas considéré comme pornographique, mais qu'il fasse partie de la culture populaire. Dans cette diffusion, il était question de pousser les filles à se dénuder et à quelques fois avoir des relations sexuelles. Le fait de proposer son produit de cette manière le rend acceptable aux yeux de la société, mais a pourtant comme conséquence de rendre par la même occasion ces pratiques acceptables.

Dans ce cas, s’il ne s’agit pas d’actrice porno, mais de femmes de la vie de tous les jours jouant dans une téléréalité, c’est comme dire aux hommes que toutes les femmes sont sexuellement disponibles, que : « Toutes les femmes sont des salopes et n’attendent que de se faire baiser ». Un exemple plus d’actualité pourrait être l’hypersexualisation des femmes dans les clips de musique parfois presque pornographiques, désormais la distinction en culture pornographique et culture pop devient de plus en plus vague.

La société apprend aux femmes à être féminines et à respecter les stéréotypes dans lesquels le patriarcat veut les enfermer, en leur promettant du pouvoir si elles acceptent cette hypersexualisation. La célébrité Kim Kardashian peut nous le prouver, elle qui est devenue connue après la mise en ligne de sa vidéo pornographique et qui continue d’évoluer comme étant un modèle de la mode et de la féminité actuelle.



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